La rémunération de l’investisseur dépendra du nombre de rhinocéros sauvés !

La Banque Mondiale (1) va bientôt émettre une obligation à impact pour lever 45 millions de dollars et financer deux réserves d’animaux sauvages en Afrique du Sud. Objectif : assurer la survie du rhinocéros noir, traqué par les braconniers (de 65 000 individus il y a cinquante ans, ils sont passés à moins de 5500 aujourd’hui).

Mécanisme de ce nouveau financement « à impact »

Après les « green bonds » (obligations pour la transition écologique), « blue bonds » (obligations pour les océans), « sustainability-linked loan » (prêts durables à impact) … voici donc venus les « wildlife bonds », dettes obligatoires pour sauvegarder une espèce en voie d’extinction.

Comment va fonctionner cette obligation ?

  1. les investisseurs ne toucheront rien jusqu’à la date de remboursement,
  2. à la date de remboursement, la rémunération ne sera versée qu’à condition d’avoir atteint un objectif précis, en l’espèce un taux de progression annuel de 4% de la population de rhinocéros dans les réserves concernées.

En cas de succès, ce type de financement à impact pourrait être étendu à la protection d’autres espèces menacées.

Faut-il en rire, faut-il en pleurer ?

A chacun(e) d’en juger.

On sait bien que le rhinocéros est en voie d’extinction parce que sa corne, réduite en poudre, est consommée en Asie pour ses prétendues vertus aphrodisiaques…

Avec un recul de plus de 40 000 ans qui s’impose pour méditer sur ce billet, on devrait également relire « Sapiens, une brève histoire de l’humanité » de Yuval Noah Harari (chapitre 4 « Le déluge »; Editions Albin Michel).

Selon l’auteur, la principale cause d’extinction des espèces animales n’est pas seulement imputable aux différents réchauffements climatiques, éruptions volcaniques etc. Le coupable en ligne directe est surtout Homo sapiens lui-même, qualifié de « Serial-killer écologique ».

Y.N. Harari expose des arguments issus de la paléontologie et de la recherche fossilifère. Il démontre que l’expansion géographique d’Homo sapiens a toujours été suivie sur une brève période – un deux millénaires à l’échelle de l’humanité – de l’extinction des gros mammifères et principales espèces animales dans le même secteur géographique.  Je cite “Ne croyez pas les écolos qui prétendent que nos ancêtres vivaient en harmonie avec la nature. Bien avant la Révolution industrielle, Homo sapiens dépassait tous les autres organismes pour avoir poussé le plus d’espèces animales et végétales à l’extinction”.

Un peu d’humour noir et une question pour conclure :

  • en 2021, il restait 5500 rhinocéros noirs en Afrique Australe,
  • L’Afrique Australe est le berceau de l’humanité,
  • Les australopithèques Africanus y avaient peut-être commencé leur chasse, mais visiblement leurs descendants Homo sapiens n’avaient pas fini le job…

La finance à impact va-t-elle finalement réussir, dans le dernier kilomètre de l’extinction, à contrecarrer leur funeste plan ?

—————————-

(1) A lire dans les Echos du 19 avril 2021. « La Banque mondiale au secours du rhinocéros »

Lire également notre billet  : Parlez-vous couramment Finance verte, sans faire de « greenwashing » ?